Depuis un instant immergée,
clapotis et vaguelettes à la surface,
pression rassurante du liquide omniprésent,
harmonie envahissant mon corps d'otarie,
quelques coups de nageoires lisses,
enfin les eaux calmes
de sombres abysses,
fusement d'une l'innocente torpille,
en quête de vitalité substantielle;
Un air vivifiant m'emplit,
siffle avec la vitesse,
excitant ma monture,
le parcours ensemble,
à travers
forêts denses,
végétation emmêlée,
plateaux à l'herbe rase, crissante,
pics rocheux chatouillant des nuages tumultueux,
complices,
incessamment,
d'un défi aux saisons et aux temps;
Mes mouvements sont un lent balancement,
puis d'une violente impulsivité,
les frontières incertaines,
peut-être illimitées,
d'une salle empourprée,
où s'exécute une danse dictée
par le son d'une musique intérieure;
Les mouvements de mes doigts s'intensifient,
frappent,
jouent,
caressent
les touches ébène et ivoire,
usant contrastes,
nuances
et sonorités atypiques,
d'un rythme calme,
effréné l'instant d'après,
parfaitement irrégulier;
Ils impriment clignotements,
déambulements,
sentiments,
le ressenti sur toile,
en une peinture viscérale;
Des lettres, des arabesques,
sur un papier immaculé,
des griffonnements pour immortaliser,
Divine tentative, Ô combien orgueilleuse,
sur une table trop large,
trop longue,
avec pour seul soutien,
pour seul compagnon dans cette lutte
contre la nuit, contre le vide, contre l'oubli,
une flamme, unique,
d'ordinaire vivace,
mais tantôt chancelante, vacillante,
vouée à s'éteindre …
Clémence Bolla